La mise bas est souvent vécue comme un soulagement pour l’éleveur. Pourtant un long travail reste à accomplir car de nombreux troubles de la croissance doivent être évités avant l’âge adulte. Plusieurs facteurs sont à surveiller : la génétique, l’alimentation, l’exercice et l’environnement.
La croissance du poulain est rapide, son poids est multiplié par dix en deux ans et les différentes structures ont parfois du mal à croître en harmonie.
Durant son séjour intra-utérin, le poulain peut souffrir d’une hyper flexion des membres qui sera traitée après la naissance par des manipulations et des bandages qui règleront rapidement le problème. En revanche, un poser du pied en pince dans les premiers jours de vie évoque une contracture due à une croissance trop rapide du squelette par rapport au tendon fléchisseur profond. Entre 12 et 14 mois, un autre type de contracture peut se produire, il est dû cette fois au tendon fléchisseur superficiel et à la croissance trop rapide du radius. Dans ce cas, le pied pose à plat mais le boulet est porté en avant. Une alimentation trop riche est parfois coresponsable de ce problème. Quant aux poulains immatures sur le plan musculo-squelettique, ils expriment une hyper-extension des fléchisseurs qui se traduit par une descente des boulets. Cette anomalie se résout souvent d’elle-même dans les cinq ou dix jours qui suivent.
Gérer le capital osseux
Le système squelettique est aussi l’objet de troubles de la croissance car son développement dépend à la fois de la génétique, de l’alimentation et de l’exercice. L’hygiène des premiers jours est capitale, tout particulièrement pour le cordon ombilical dont la désinfection quotidienne est indispensable. L’infection au niveau du cordon provoque le développement de germes qui vont coloniser les articulations en empruntant la voie sanguine. L’apparition d’une boiterie chez un poulain âgé de quelques jours à 4 mois avec gonflement d’une articulation et fièvre doit immédiatement faire appeler le vétérinaire qui choisira la méthode la plus adaptée.
Les défauts d’aplomb peuvent être à l’origine de suros de croissance sur les métacarpiens rudimentaires. Très fréquents ces suros sont en général bénins.
Parfois, la croissance des extrémités osseuses (épiphyses) est altérée et l’on observe des excroissances osseuses souvent localisées à l’extrémité distale du radius ou du tibia. Ces épiphyses ne doivent pas être traitées à la légère : un bilan alimentaire et des aplombs est indispensable.
La menace de l’ostéochondrose
Malheureusement, les troubles de la croissance osseuse ne sont pas toujours récupérables, c’est le cas en particulier de l’ostéochondrose.
C’est une affection du cartilage en croissance qui s’ossifie mal. Les lésions s’installent avant l’âge d’un an et touche préférentiellement le jarret, le grasset ou le boulet ; elles sont souvent bilatérales. L’alimentation semble jouer un rôle capital puisque ce sont souvent des poulains recevant une alimentation trop riche en énergie qui développent l’ostéochondrose entre 4 et 6 mois. La justesse de l’apport en calcium, phosphore, cuivre et zinc influe aussi.
En cas d’ostéochondrose, les chondrocytes ne se développent pas, pour des raisons encore obscures et la formation des os ne se déroule pas normalement. Les cellules se multiplient et s’empilent de façon anarchiques, le cartilage s’épaissit mais n’étant pas convenablement nourri, il se nécrose en libérant des petits morceaux d’où l’appellation d’ostéochondrite disséquante. Ces fragments peuvent se résorber ou s’accroître en s’ossifiant. Le trou laissé par la nécrose forme un kyste osseux.
Très fréquente, l’ostéochondrose ne s’exprime qu’assez rarement au plan clinique. Il n’est pas possible aujourd’hui de corréler défaut de performance et ostéochondrose. Les signes cliniques d’ostéochondrose ne sont en effet pas spécifiques : on observe principalement chez le poulain un gonflement non douloureux de l’articulation lésée. En général, ce symptôme s’estompe avec le temps. Si la maladie s’exprime, c’est avec une raideur qui progressivement se transforme en boiterie.
Les soins essentiels des éleveurs
L’alimentation joue un rôle important chez le poulain ; on sait par exemple que les maladies osseuses sont globalement quatre fois plus nombreuses chez les poulains sur-nourris (gain de poids supérieur à 1 kg/jour).
Le développement hormonal du poulain n’est pas toujours optimal ; la thyroïde en particulier est parfois déficiente. L’origine peut être congénitale ou alimentaire. Les signes cliniques sont un défaut d’ossification des os du carpe et du tarse qui induisent des boiteries à l’âge adulte.
Le sevrage est souvent géré de façon simpliste alors qu’il intervient dans une période critique du développement de l’appareil locomoteur. Un soin tout particulier doit être apporté à cette transition pour permettre au poulain d’exprimer tout son potentiel sportif.
L’élevage du poulain n’est pas un long fleuve tranquille, et l’amélioration des performances des chevaux n’est donc pas qu’une affaire de génétique.
Anaël MARZIN
Responsable marché Equideos