Établir un programme alimentaire pour une jument suitée : quel intérêt ?

La jument reproductrice voit ses besoins évolués fortement, particulièrement lors de la lactation. Comment s’assurer de la bonne couverture des besoins de la jument suitée ? Dans cet article, vous trouverez des pistes pour préparer au mieux la saison de reproduction.
Couvrir les besoins (en quantité et en qualité) de la jument en lactation c’est assurer le bon développement du poulain et la fertilité de la jument pour les prochaines saisons de poulinage.

La production laitière de la jument

La jument produit 2 à 3.5 kg de lait pour 100kg de poids vif par jour, soit 10 à 20L/j selon les races. La production est très importante dès le premier mois, augmente jusqu’à atteindre un pic entre le 2ème et 3ème mois de lactation, puis diminue très progressivement jusqu’au 6ème mois de lactation. Le lait est principalement composé d’eau, il est très riche en lactose et relativement pauvre en protéines et matières grasses. Les besoins de la jument suivent la production laitière qui est très coûteuse en énergie mais surtout en protéines.

Si les besoins ne sont pas couverts, la jument produira moins de lait et consommera ses réserves corporelles, ce qui aura pour effet de ralentir la croissance du poulain et diminuer la fertilité de la jument. Un déficit en azote ou en acides aminés essentiels provoque une baisse de la production de lait. Il est primordial de vérifier à la fois la quantité de matières azotées apportées par la ration ainsi que la qualité des protéines (acides aminés indispensables) telles que la lysine et la méthionine. À l’inverse, un excès en azote n’a pas d’effet sur la production laitière.

Une supplémentation en énergie, matières grasses ou levures a une action sur la qualité ou composition du lait plus que sur la quantité de lait.

La jument a des besoins élevés en vitamines (spécialement A, D3 et E) ainsi qu'en minéraux et oligo-éléments. Il faut éviter toute carence nuisible au poulain et à la jument, notamment pour les 3 premiers mois de lactation. Un excès ou déficit d’état corporel est préjudiciable pour la production laitière.

La variation des apports à disposition de la jument

La lactation est en général en parallèle de la croissance de l’herbe et de la fin du stock fourrager de l’année précédente et l’arrivée du nouveau foin. La jument peut donc être confrontée en plus de ses variations de besoins à une variation de ses apports, en particulier en fourrages. Il est important de prendre en compte l’évolution de la quantité et de la qualité des fourrages à disposition. L’herbe atteint un pic de croissance et de richesse en mai. Le foin perd en qualité durant l’année et peut être très différent d’une année sur l’autre, en particulier en quantité de matière azotée.

Le retour à la reproduction de la jument

La saillie n’augmente pas particulièrement ses besoins, mais sa réussite dépend de l’état corporel de la jument et de son état de stress. Ces deux paramètres influencent la fertilité de la jument et peuvent être modifiés par la lactation de la jument, notamment si le programme alimentaire n’est pas adapté.

Un programme alimentaire c’est quoi ?

Il suit le principe de rationnement ; qui est d'équilibrer les besoins de la jument avec les apports disponibles. Dans le cas de la jument allaitante, il faut noter tous les moments critiques (poulinage, pic de lactation, sailli, tarissement), et organiser toutes les transitions de moment critique en moment critique. Il faut prendre en compte aussi les variations des aliments ou des conditions de vie même s’ils ne sont pas corrélés à un changement des besoins de la jument. Ainsi, la mise à l’herbe ou un changement de foin se prépare à l’avance et se réalise progressivement.

Pour gérer convenablement les changements alimentaires qui s’imposent sans mettre en péril la santé de la jument et du poulain, des précautions s’imposent. Compte tenu du temps d’adaptation du cheval à de nouvelles habitudes alimentaires, le changement s’entend sur de longues périodes. Ainsi, il est inutile, voire dangereux, de doubler les rations la veille du poulinage, même si vous réalisez brutalement ce jour-là que votre jument a maigri. La lactation se prépare déjà durant le dernier mois de gestation, et il faut garder à l’esprit que durant toute la reproduction de la jument (gestation et lactation), vous nourrissez le poulain à travers la jument.

Le programme n’est pas fixe, il s’ajuste au fur et à mesure de la saison.

Il est important de comprendre que chaque individu constitue un cas différent et que de nombreux facteurs peuvent influencer sa réaction face à l’alimentation : sa race (plus ou moins proche du sang), son mode et son lieu de vie (box, paddock ou pré), l’environnement, son mental, ses antécédents pathologiques notamment liés à l’alimentation.

Ainsi, si la ration établie ne permet pas de garder la jument en état comme prévu, il faut l’ajuster. De même, si la production d’herbe ou la qualité du foin est inférieure aux estimations, il faut revoir la ration.

N’hésitez pas à nous contacter si vous souhaitez obtenir des conseils pour programmer votre saison de lactation. Nous sommes disponibles en commentaire, sur facebook, ou bien par téléphone au 0 801 800 100.

Sources :
Yang M.L., 2019. LA LACTATION CHEZ LA JUMENT : FACTEURS DE VARIATION, METHODES DE MESURE ET PERSPECTIVES DE MODELISATION. Thèse vétérinaire Maisons Alfort, 146 p.


Suzie Bathellier
Chef de produit