L'alimentation de la poulinière : Guide pratique pour combler ses besoins nutritionnels

La gestion de l’alimentation de la poulinière, de la reproduction au sevrage de son poulain, est un paramètre crucial pour garantir la santé des 2 individus. Comprendre les besoins nutritionnels de la poulinière et adapter sa ration en fonction des stades physiologiques est essentiel pour maximiser sa fertilité, sa gestation, et sa lactation.

Les différents stades physiologiques et les besoins nutritionnels associés

1. Reproduction : favoriser la fertilité (2,4)

Une alimentation équilibrée contribue à un cycle ovarien optimal et augmente les chances de réussite des saillies. En hiver, une complémentation en énergie et en protéines de qualité est essentielle. Les fourrages, associés à des minéraux permettent d’éviter les carences susceptibles d’affecter la fertilité. Un poids corporel trop important (NEC>3) n’est pas bénéfique pour la fertilité de la jument.

2. Gestation : adapter la ration pour favoriser le bon développement du poulain (1,2)

La durée de gestation est d’environ 11 mois, mais les besoins évoluent significativement :

0 à 6 mois : Les besoins sont proches de ceux d’entretien. Une ration équilibrée à base de fourrages, de CMV et éventuellement de concentrés suffit.
Dernier trimestre : On observe une baisse de consommation de fourrages qui s’explique par l’encombrement de l’abdomen de la poulinière dû à la croissance du fœtus dans l’utérus. A partir du 9ème mois de gestation, les besoins nutritionnels augmentent de 35% en énergie et de 80% en protéines (au 11ème mois). En effet, durant les 3 derniers mois, le fœtus peut gagner jusqu’à 500 g/jour !  (5 et 3)
Il est donc nécessaire d’apporter une complémentation riche en protéines et en acides aminés essentiel tel que la lysine (10g/100kg PV par j d’après la table de l’INRA) ainsi qu’en CMV. Privilégiez une complémentation riche en lysine (10 g/100 kg PV/jour) et en protéines de qualité (luzerne, tourteau de soja).

3. Lactation : un pic des besoins (1, 4)

Pendant la lactation, les besoins nutritionnels de la jument doublent en énergie (UFC) et triplent en protéines (MADC). Une complémentation riche en lysine (15 g/100 kg PV/jour), associée à une ration équilibrée en minéraux (calcium, phosphore), est primordiale. En fin de lactation, réduisez progressivement la ration pour préparer le tarissement.

Apports recommandés pour une jument de 500 kg

Mois de gestation UFC MADC (g) Consommation moyenne (kg MS)
0-5 4.1 296 7-9
6e 4.4 359 7-9.5
9e 5.1 416 7.5-10
11e 5.5 530 8-11.5

Apports journaliers recommandés pour une jument gestante de 500 kg (d'après : Nutrition et alimentation des chevaux, W. Martin-Rosset et al., 2012).

Sources nutritionnelles clés :

1. Les protéines 

Les protéines sont constituées d’acides aminés non essentiels et essentiels. Ces-derniers ne peuvent être synthétisés par l’organisme de la jument et doivent donc être fournis dans l’alimentation. La lysine et la méthionine sont deux acides aminés qui sont indispensables à la croissance du fœtus et à la production de lait. Il est donc important d’apporter une complémentation en céréales et légumineuses riches en protéines de qualité. (2)

  • Protéines de qualité : Luzerne, tourteau de soja (600 g/jour max), graines de lin (riches en oméga-3 et -6).

2. Minéraux et vitamines 

Les minéraux tels que le calcium et le phosphore sont nécessaires au développement squelettique du poulain et à la production laitière de la jument. Ces minéraux doivent être apportés en quantité suffisante afin d’éviter des carences ou excès pouvant être toxiques.  Les ratios suivants sont attendus :

-            Ca/P = 1 à 3

-            Cu/Zn = 0.2 à 0.3

Aussi, les besoins vitaminiques de la jument augmentent fortement au cours de la seconde moitié de gestation et sont en lien avec les apports en oligo-éléments. La vitamine A est essentielle à l’embryogénèse et la vitamine D3 optimise la fixation du calcium. Le sélénium est un antioxydant puissant impliqué au niveau musculaire, qui associé à la vitamine E, renforce le système immunitaire du poulain en agissant sur la qualité du colostrum de la jument. (1 et 4)

Les pièges à éviter :

1. Excès d’énergie

Distribuer une ration trop riche en énergie ne permet pas d’optimiser le développement du fœtus mais peut au contraire entrainer l’apparition de certaines anomalies métaboliques chez le poulain (troubles ostéo-articulaires).

2. Excès d’amidon

Les poulinières gestantes qui reçoivent une charge d’amidon trop importante ont un placenta présentant des altérations au niveau vasculaire, ce qui limite les échanges de nutriments entre le poulain et la mère.

Bibliographie

IFCE (Institut français du cheval et de l’équitation). L’alimentation de la poulinière. Équipédia, 2018. (1)

https://www.ifce.fr/wp-content/uploads/2018/11/Lalimentation_de_la_pouliniere1.pdf

IFCE (Institut français du cheval et de l’équitation). Les besoins de la jument gestante. Équipédia, 2017. (2)

https://equipedia.ifce.fr/elevage-et-entretien/alimentation/nutrition-et-ration/les-besoins-de-la-jument-gestante

Chambre d’agriculture d’Occitanie. Alimentation de la jument gestante. (3)

https://lot.chambre-agriculture.fr/fileadmin/user_upload/Occitanie/070_Inst-Lot/Documents/Arborescence/Productions_techniques/Elevage/Filieres/Equins/Fiches_techniques/Equipatures_Fiches_techniques/jumentgestante.pdf

Sollio Agriculture. Bien alimenter la jument poulinière. (4)

https://sollio.ag/fr/innovation/alimentation-jument-pouliniere

Horse Nutrition. Développement fœtal et Alimentation de la poulinière. 2024 (5)

https://www.horseupnutrition.com/fr/dossiers-conseils/alimentation/developpement-foetal-alimentation-pouliniere,38077.html