Les besoins du poulain avant le sevrage

De 0 à 6 mois, le poulain développe ses organes et fonctions digestives définitives, il habitue son organisme à passer d’une alimentation liquide à solide. Sa ration alimentaire joue alors un rôle crucial sur son bon développement, elle doit être équilibrée pour que le poulain puisse exprimer son potentiel de croissance de façon optimale. Il est alors important de prendre en compte :

  • Les besoins nutritionnels du poulain en minéraux, vitamines et protéines
  • Anticiper le stress lié au sevrage
  • Choisir un aliment adapté aux besoins du poulain
  • S’équiper en mangeoires sélectives pour le poulain au champ

La transition alimentaire, une étape décisive qu’il faut anticiper

Avant que le poulain ne soit séparé de sa mère au moment du sevrage (à l’âge d’environ 6 mois), il est nécessaire d’habituer son organisme à une alimentation variée en lui proposant des aliments sous diverses formes. En effet, si un poulain n’a pas été habitué à autre chose que le lait maternel pendant ses premiers mois de vie, il risque de ne pas manger une ration d’aliment complet au moment du sevrage, aussi équilibrée soit-elle. De plus, même si cette ration était ingérée dans son intégralité, son organisme ne l’assimilerait pas correctement et le poulain ne profiterait pas de ces apports. Enfin, le sevrage est une étape importante dans la vie d’un poulain qui subit durant cette période un stress important. Si le poulain a été habitué en amont à se nourrir seul, les effets du sevrage (perte de poids, développement de stéréotypies…) seront moins importants.

Besoins nutritionnels : pourquoi est-il nécessaire de complémenter un poulain sous sa mère ?

De 0 à 3 mois, le lait maternel est la principale nourriture du poulain et couvre ses besoins nutritionnels. Passés 3 mois, la jument produit de moins en moins de lait, bien que les besoins du poulain restent très élevés. Si ce dernier a généralement commencé à intégrer des fibres longues dans son alimentation (herbe, foin…) en imitant le comportement de sa mère, sa capacité d’ingestion reste assez faible et est insuffisante pour compenser une ration alimentaire qui ne serait basée que sur le pâturage.

Entre 3 et 6 mois, les besoins quantitatifs du poulain sont estimés à 0.023 à 0.024 UFC/Kg PV et 2.4 à 2.6g de MADC/kg de PV (pour des croissances de 750 à 1000 grammes par jour). À 4 mois, le lait maternel ne couvre que 30 % de ses besoins. Il est alors nécessaire de complémenter le poulain :

  • Protéines
    Le cheval n’est pas capable de synthétiser de lui-même les Acides Aminés Indispensables (AAI) et les trouve à l’âge adulte en digérant des aliments dans l’intestin grêle. Cependant, chez le poulain, l'absorption dans l’intestin grêle est faible. Il doit donc être supplémenté en lysine (0.054% du besoin en MADC entre 3 et 6 mois).
  • Minéraux
    Une abondance de lait de basse qualité (contenu minéral réduit) peut engendrer une poussée de croissance chez le poulain, qui en l’absence de ces minéraux indispensables à sa croissance, peut déséquilibrer son développement. Entre 3 et 6 mois, il faut que le rapport Ca/P (Calcium / Phosphore) soit compris entre 1.5 et 2 pour assurer une croissance harmonieuse au poulain.
    Le rapport Zn/Cu (Zinc / Cuivre) doit quant à lui être proche de 5 pour assurer une bonne défense immunitaire, un bon fonctionnement des nerfs et lutter contre les troubles ostéo-articulaires. La ration doit contenir 1mg/kg de MS de Cuivre pour permettre le durcissement des os et la formation des tendons.
    Le fer permet la formation des globules rouges et doit être présent à hauteur de 50mg/kg de MS (attention, un excès en fer peut être aussi néfaste qu’une carence chez le jeune cheval). Enfin, le poulain a besoin d’environ 1.4mg/jour de sélénium, un antioxydant qui protège les cellules d’une dégénérescence.
  • Vitamines
    Un poulain a besoin de 35 à 40 000 UI de Vitamine A par jour. Celle-ci doit être apportée par un complément car les carotènes présents dans les fourrages sont plutôt mal valorisés par le cheval.
    Une carence en vitamine D (qui favorise la fixation du calcium sur les os) est très rare chez le cheval vivant en extérieur. Les besoins du poulain sont d’environ 1500 UI/kg.
    Les besoins du poulain en vitamine E sont compris entre 50 et 60 UI par jour afin de maintenir son intégrité musculaire (en synergie avec le sélénium).

Et en pratique ?

Afin d’assurer une alimentation équilibrée à votre poulain non sevré, vous pouvez opter pour un aliment complet lacté, adapté à ses besoins. Vous pouvez également compléter une ration traditionnelle en utilisant un granulé hautement digestible et fortement dosé en minéraux essentiels comme le Power Foal, qui contribuera à maintenir une croissance saine.

Ces aliments étant très appétents et le poulain ayant une vitesse d’ingestion plus faible que celle de sa mère, il est nécessaire d’utiliser un nourrisseur sélectif, un parc à poulain avec une mangeoire adaptée ou d’attacher la mère lors des repas si vos chevaux sont à l’intérieur, pour permettre au poulain de manger l’intégralité de sa ration et être sûr de couvrir ses besoins quotidiens.


Louise JEGARD
Chef de Produit Équidéos