Après le dur travail pour obtenir la fécondation de sa jument, arrive le stress de la gestation. Quels sont les problèmes qui peuvent survenir pendant cette période ? Comment les prévenir pour obtenir un poulain en pleine santé ? Cet article tente de vous éclairer sur les différents problèmes diagnostiqués qui perturbent la gestation et l’arrivée du poulain.
La gestation dure environ 11 mois soit 320 à 365 jours. Le poulinage se déroule en majorité la nuit (entre 20h et 2h) et dure 20 à 30 minutes après la rupture des eaux. Un lien très fort se crée entre le poulain et la mère dans les premières heures après le poulinage. Mais, parfois, un de ces événements ne se passe pas comme prévu…
L’avortement chez la jument
Le terme « avortement » est en principe réservé à une expulsion du fœtus (non viable ou mort) et de ses enveloppes avant le 300ème jour de gestation. Après cette période, l’expulsion est considérée comme une naissance « prématurée ». Les causes des avortements sont classées en deux catégories : les anomalies non infectieuses et les anomalies infectieuses.
Des agents infectieux (bactéries, virus ou champignons) peuvent attaquer le fœtus ou ses enveloppes, entraînant la mort du fœtus et son expulsion. Les avortements d'origine infectieuse représentent environ le tiers de tous les avortements diagnostiqués. L'herpès virus équin (EHV-1) est le principal agent infectieux ; il est la cause de 18 % de tous les avortements diagnostiqués. Il peut aussi être d’origine bactérienne notamment avec la leptospirose ou d’origine fongique.
Des facteurs attribuables à la jument, au fœtus ou à des causes externes peuvent aussi causer la perte de l'embryon ou du fœtus. Ces facteurs comprennent la gestation gémellaire, les insuffisances hormonales, les anomalies congénitales, l'empoisonnement alimentaire ou les carences alimentaires.
Les malformations du cordon ombilical sont la 1ère cause d’avortement non infectieux : la principale malformation est un cordon ombilical trop long, qui risque de se tordre et de bloquer la circulation sanguine en direction du fœtus.
Pour prévenir l’avortement, il peut être conseillé de pratiquer un diagnostic échographique de gestation pour détecter toutes anomalies (notamment gestation gémellaire), d’éviter tout facteur de stress (transport, changement de lieux et d’habitudes, changement alimentaire, etc) notamment en fin de gestation, fournir une alimentation adaptée en quantité et qualité, maintenir les juments dans de bonnes conditions d’hygiène pour limiter les risques d’infections et toujours consulter la notice des médicaments s’il y a à traiter la jument.
Problèmes durant le poulinage
Les problèmes ou difficultés rencontrés lors du poulinage sont appelés des distocies. Celles-ci peuvent être d’origine maternelle ou liées au poulain. Des distocies arrivent dans 10% des poulinages, l’incidence est plus grande chez les Pur Sang que chez les Quater horse.
Les distocies se reconnaissent par des enveloppes fœtales anormales, un arrêt de la progression du poulain malgré des contractions, ou un arrêt des contractions sur des périodes prolongées. De manière générale, si la phase 2 du poulinage, qui correspond au travail d’expulsion du poulain, dure plus de 40 min cela augmente les risques de mortalité du poulain. Plus le temps entre la naissance et la levée ou la première têtée du poulain est long et plus les risques de mortalité sont accrus.
La principale cause des distocies sont les mauvaises postures du fœtus. Les distocies asphyxiantes sont associées aux gros poulains, aux juments primipares (1ère gestation), aux naissances inattendues et à la mauvaise présentation du poulain pour le travail (phase 2).
La principale prévention est d’être présent lors du poulinage et de chronométrer les phases pour intervenir si nécessaire ou appeler le vétérinaire à la première anomalie grave. Plus la détection de l’anomalie est rapide plus les chances de survie du poulain sont augmentées.
Problème de rejet du poulain par la jument
Des problèmes de comportement chez la jument ou le poulain peuvent imposer d’intervenir dans la relation mère-jeune ou de séparer la mère du poulain pour la survie de l’un ou l’autre.
Les différentes anomalies du comportement sont l’ambivalence (sous expression du comportement maternelle), la peur du poulain, le refus de la tétée, la protection exagérée, les attaques sauvages à l’encontre du poulain. Chez les juments aussi il peut exister le vol ou l’adoption de poulain étranger. En général, ces comportements s’observent chez la jument primipare, et sont plus ou moins graves. Une cause génétique est aussi suspectée, l’incidence des rejets étant supérieure chez les juments arabes. La présence humaine peut favoriser le rejet mais aussi le stress et la douleur reliée au poulain (douleur des mamelles, de la mise bas, etc). La séparation du poulain et de la mère pour les premières heures après la naissance peut être un facteur de risque.
Pour prévenir le rejet, la première règle est de limiter le plus possible les interventions et interpositions entre le poulain et sa mère. Il est conseillé de laisser les enveloppes fœtales et les fluides quelques temps après le poulinage. Si une intervention est nécessaire, il est important de laisser la mère voir le poulain. L’instinct maternel a une composante génétique, il peut être judicieux parfois de ne plus faire pouliner une jument qui a fait un ou plusieurs rejets de poulain.
Source :
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Suzie Bathellier
Chef de produit