L’alimentation du poulain détermine sans aucun doute la qualité du futur cheval. Le but est de permettre à son potentiel génétique de s’exprimer en termes de croissance et de développement. Les erreurs d’alimentation sont susceptibles d’entraîner des atteintes irréversibles du développement, avec notamment des affections ostéo-articulaires qui peuvent anéantir la carrière sportive du cheval.
La croissance se mesure en terme de gain de poids : c’est un critère principalement quantitatif. Elle est liée à la valeur énergétique de la ration. Elle détermine le format (taille, corpulence) du cheval adulte. Une sous-alimentation transitoire, notamment au moment du sevrage, peut être compensée rapidement et complètement si elle est de courte durée. Il est donc important de préparer correctement le sevrage. Pour un cheval de sport, il faut rechercher une croissance optimale et non maximale comme pour un cheval de boucherie.
Le développement correspond à la mise en place des différents tissus : il détermine la précocité du poulain. Cette mise en place s’effectue dans un ordre bien précis : le système nerveux est le premier à se mettre en place de façon définitive, ensuite le squelette, puis viennent les tissus musculaires et enfin les tissus gras. Une malnutrition importante de la jument gestante (notamment fortement déficitaire en protéines) peut entraîner des atteintes graves du système nerveux du poulain. Les affections du squelette sont plutôt provoquées par des désordres alimentaires chez le jeune poulain.
La phase d’allaitement
Cette phase pose généralement peu de problèmes puisque le poulain bénéficie du lait de sa mère. Les premières tétées sont très importantes car elles correspondent à l’ingestion du colostrum : celui-ci joue un rôle laxatif et immunitaire, mais aussi nutritionnel. Il permet en effet au poulain de constituer ses premières réserves et d’avoir aussi la vigueur nécessaire à sa survie les premiers jours.
Lorsque cette phase est passée, le lait maternel qui est riche, complet, équilibré et disponible en quantité adaptée, couvre le besoins alimentaires quantitatifs et qualitatifs du poulain. Il faut bien sûr que la jument soit en bonne santé et nourrie correctement ( REPRO GR).
Dans le cas d’allaitement artificiel, il faut utiliser un aliment d’allaitement spécialement conçu pour les poulains. La distribution doit être effectuée au mieux toutes les 2 heures, et au minimum 5 fois par jour la première semaine, puis 4 fois par jour la deuxième et 3 fois par jour jusqu’à 8 semaines. Lorsque le poulain a appris à boire au seau, le lait peut être laissé en libre consommation à température ambiante. Il existe également des appareils de distribution automatique qui maintiennent le lait à bonne température, comme ceux utilisés pour les veaux des exploitations laitières.
On complémentera dès 1 mois avec des granulés enrichis en poudre de lait ( ).
La préparation au sevrage
Le sevrage intervient généralement entre 5 et 6 mois, et il s’accompagne souvent d’une réduction de la vitesse de croissance et de développement. Le but de la préparation est de limiter au maximum cette phase, et de permettre ensuite une croissance compensatrice pour rattraper cette perte.
Il faut dès son premier mois proposer au poulain un aliment solide en plus du fourrage. ( DEOS FOAL ). Cet aliment doit être appétent, avec des sources de protéines de haute qualité (lait écrémé, levures sèches, etc.). Il doit comporter environ 16 à 18 % de matières azotées totales, soit 14 à 15 % de MADC (matières azotées digestibles cheval).
L’ingestion sera très faible au début, mais cela va permettre de préparer progressivement le tube digestif du poulain à recevoir et digérer des aliments solides. Vers 2 ou 3 mois, la consommation de lait va commencer à diminuer au profit de l’aliment complémentaire : le niveau d’ingestion doit être environ de 1 kg par jour à 2 mois pour atteindre 3 kg par jour à 6 mois. Au fur et à mesure que le poulain grandit, à partir de 2 mois, les besoins couverts par le lait diminuent régulièrement et ceux couverts par l’aliment complémentaire augmentent.
Le sevrage peut alors se faire avec un déficit de croissance minimal. Il intervient lorsque le poulain a atteint un poids minimum ou lorsqu’il ingère suffisamment d’aliment solide. Il vaut mieux prendre en compte ces critères plutôt que de fixer un âge : cela permet de s’adapter à chaque sujet.
L’alimentation après le sevrage
Alors qu’avant le sevrage, l’aliment solide était donné à volonté et que le poulain en limitait spontanément la consommation, il est important après le sevrage de contrôler sa quantité. Cela permet d’éviter tout excès alimentaire qui pourrait entraîner des déséquilibres hormonaux et favoriser des troubles osseux. Il faut également fractionner la ration journalière et contrôler la croissance (gain de poids) et le développement (mensuration, maniements) pour adapter la ration a chaque poulain.
Anaël MARZIN
Responsable marché Equideos