Dernier volet de mes articles consacrés à la reproduction équine : le choix du type de monte et le suivi gynécologique de la jument. En effet, il y a différents acteurs qui jouent un rôle dans l’optimisation de la fertilité de la jument. Interviennent au même titre que la jument, l’étalon et la qualité de sa semence, l’inséminateur et la technique d’insémination, le vétérinaire et la qualité du suivi gynécologique, et l’éleveur qui connaît sa jument, son historique, la façon dont elle est cyclée, dont elle se comporte à l’échographie, à l’insémination, comment réagit son utérus à certaines semences …
Choisir un type de monte et un étalon adapté
Quatre types de monte sont proposés à l’éleveur pour sa jument :
- La monte naturelle en main.
Technique utilisée surtout chez le Pur-sang avec une fertilité par chaleur de 55%, mais qui se raréfie chez le cheval de sport car cela peut générer des risques d’accidents (ruades, morsures, …) pour les deux partenaires ou véhiculer des maladies vénériennes telles que la métrite, l’herpès, etc. Elle est de plus impossible à pratiquer pour les étalons de sport souvent de grande valeur et partis en concours à la belle saison de reproduction.
- L’insémination artificielle en sperme frais immédiate.
L’étalon est prélevé, puis la semence divisée en doses suffisantes pour inséminer des juments présentes sur le site. Technique majoritaire chez le Trotteur, la fertilité par chaleur est elle aussi de 55%. Cette technique se pratique bien sûr chez les chevaux de sport.
- L’insémination artificielle de sperme frais réfrigéré.
La semence est alors refroidie à 4° pour inséminer le jour même du prélèvement ou le lendemain, avec un taux de réussite de 50% par chaleur. En effet, toutes les semences ne supportent pas la conservation à 4° et le transport. Il faut se renseigner sur la transportabilité de la semence d’un étalon. De plus, la qualité de la semence n’est pas optimum, car le laps de temps qui s’écoule entre le moment de la production et la mise en place de la semence dans la jument peut altérer la survie des spermatozoïdes.
Et puis cette semence dépend d’un transporteur. Quel éleveur ne s’est pas déjà retrouvé avec une jument bonne à inséminer et pas de semence pour cause de 1er mai ou de dimanche ?
- L’insémination artificielle en semence congelée.
On insémine avec des paillettes de semence conservées dans l’azote liquide, pour une fertilité par chaleur d’environ 45%. C’est la semence qui bénéficie du meilleur contrôle d’un point de vue sanitaire et technique.
L’IAC fonctionne bien avec, derrière, une technique de décongélation, d’insémination et suivi gynécologique optimum. L’aptitude à la décongélation de la semence des étalons est connue à la production des doses, et cette info est disponible lors du choix de l’étalon.
Mais il existe une grande variabilité individuelle entre les étalons sur l’aptitude de leur semence à être conservée. Certains sont très bons en IAR et pas en IAC. D’autres remplissent en monte en main ou en frais immédiat mais pas en transporté ni congelé. Avant toute chose, il faut choisir un étalon fertile, plutôt que le crack étalon « rare » certes mais qui ne donnera pas de poulain. Certains sont connus pour leur fertilité excellente année sur année.
Optimiser la fertilité de sa jument, c’est choisir l’étalon qui lui conviendra par la technique de monte. Pour les jeunes ou les juments suitées fertiles, tout type de monte convient, mais attention, ce n’est pas parce que la jument remplit bien qu’elle va forcément remplir avec un étalon qui a moins de 50% de juments pleines en fin de saison. Quant à la jument subfertile (maiden d’âge moyen ou jument qui ne remplit qu’une année sur deux), éviter l’IAC ainsi que le réfrigéré avec des étalons ayant moins de 66% de fertilité en fin de saison. Enfin, pour les juments peu fertiles (maiden âgée ou jument vide depuis plus de deux ans), il est conseillé la monte naturelle et l’IAF uniquement.
Mais même avec une jument fertile et une bonne qualité de semence, le suivi gynécologique reste indispensable.
Le suivi de la jument, primordial
Le suivi est la plaque tournante. Il détermine l’état de l’utérus, le moment de l’insémination, la tolérance de l’utérus au sperme utilisé. Il permet d’optimiser la gestion de la chaleur en fonction du type de semence utilisée, de la fertilité de l’étalon ou celle de la jument, que ce soit en frais, réfrigéré ou congelé et même en monte en main. Le suivi est réalisé par le vétérinaire et permet de cibler le moment de l’ovulation.
Pour augmenter la fertilité lorsqu’on utilise du congelé, il est souvent couplé à des traitements hormonaux pour contrôler le cycle et le moment de l’ovulation pour une insémination précise. Au rang hormonal, l’injection de prostaglandine est censée déclencher les chaleurs, et l’hormone chorionique hCG déclencher l’ovulation en moyenne trente-six heures après sont injection.
En conclusion, la fertilité d’une jument est tributaire d’une chaîne sans maillons faibles : optimiser la fertilité de sa jument commence par l’optimisation de sa conduite d’élevage.
Mettre sa jument à la reproduction à un coût et il faut l’étudier, adapter finalement ses juments à la technique de monte (saillie, suivi, …) la plus rentable en termes d’obtention d’un poulain, et la plus raisonnable en termes de frais, vu le contexte actuel du marché du foal et du cheval en général.
Ne pas perdre de vue que la préparation à la saillie future engendre des frais vétérinaire, de nourriture, de vermifugation et vaccinations obligatoires, mais aussi des frais de transports et de pensions. A l’éleveur d’optimiser la fertilité de ses juments, de les présenter, saines, cyclées et en bon état à la station pour avoir plus de chances d’obtenir un poulain. Et ne pas oublier que la fertilité intrinsèque est individuelle. Etre poulinière est un métier et certaines juments ne sont justement pas faites pour être poulinières.
Anaël MARZIN
Responsable marché Equideos