Le système digestif du poulain nouveau né
La colonisation du système digestif du poulain nouveau né se fait par plusieurs voies. Un échange in-utéro de la flore maternelle pendant la gestation est observé, par l’intermédiaire du liquide amniotique. Le poulain naît donc avec une flore déjà présente, et dès le premier jour on remarque une activité fermentaire avec une production d’acides gras volatils. La flore après la naissance est enrichie par le colostrum puis la flore du lait, et enfin la flore fécale de la mère par une activité de coprophagie du poulain.
La première flore est pionnière et est liée aux sucres tels que le lactose et le glucose. Par le produit de sa fermentation, elle permet aux bactéries utilisatrices de lactate et cellulolytiques de s’implanter. Dès le 2ème jour le poulain imite le comportement alimentaire de sa mère et commence à manger de l’aliment solide tel que l’herbe, le foin, et le grain s’il y en a à disposition.
La flore fibrolytique peut alors se développer et remplacer la flore pionnière, ce qui peut provoquer une courte période de diarrhées. La flore de l’intestin va être modifiée jusqu’à l’âge d’un mois, lorsque le poulain devient totalement capable de valoriser les fibres. À l’âge de 2 mois, la flore devient stable et ne sera que très peu modifiée jusqu’à l’âge adulte. La flore du jeune adulte est très similaire à celle de la mère, le poulain hérite donc du microbiote de la mère, celui-ci est donc très important dans le développement du jeune.
L’ostéochondrose chez le poulain : Quelles sont les pistes pour limiter les risques ?
La croissance du poulain est très rapide, durant le premier mois de vie, le poulain double son poids de naissance. À la naissance, le poulain possède un centre primaire et deux centres secondaires d’ossification où vont se dérouler la croissance osseuse par transformation du cartilage en os au niveau des plaques de croissance. La croissance osseuse est sous contrôle d’hormones de croissance (prolifération), d’hormones thyroïdiennes (maturation, ossification), et d’hormones sexuelles (arrêt de la croissance), notamment à la puberté.
L’ostéochondrose (OC) est une affection ostéoarticulaire juvénile (AOAJ). Elle se développe avant l’âge de 1 an. Le terme d’OC désigne une perturbation locale de l’ossification des cartilages épiphysaires qui crée des zones de fragilité pouvant entraîner la libération de fragments osseux dans l’articulation, alors appelée lésions d’ostéochondrite dissécante (OCD).
Certaines OC ont une prédisposition génétique cependant des facteurs de risques liés à l’alimentation, aux traumatismes, à la croissance rapide, aux hormones ont été montrés. Tous les poulains présentent des microfissures dans le cartilage (choque de la course) mais des microtraumatismes répétés peuvent entraîner un remodelage osseux plus importants et favoriser l’apparition d’OC. Les déséquilibres (carences notamment) en minéraux tels que le calcium, le phosphore (ratio Ca/P<1), le cuivre ou le zinc seraient des facteurs de risques. Le cuivre, notamment, est impliqué dans le processus d’ossification et notamment de réparation. Les déséquilibres énergétiques de la ration sont également des facteurs de risques importants. Les concentrés (riches en amidon et sucres) causent une augmentation postprandiale de la glycémie stimulant la sécrétion d’insuline, impliquée dans la régulation des métabolismes osseux et cartilagineux. En outre, plus la réponse insulinique au repas est forte, plus les lésions sont nombreuses.
Conseil technique
Il est donc nécessaire de favoriser un apport énergétique sans réponse glycémique forte, sous forme de fibres notamment, chez la poulinière et le poulain.
Il est également nécessaire d’assurer l’apport protéique pour couvrir les besoins importants du poulain (supérieurs à l’adulte) et de respecter les besoins en minéraux, la quantité mais aussi et surtout la qualité (ratio Ca/P proche de 3, le ratio Zinc/cuivre entre 1 et 5). Supplémenter la poulinière en cuivre durant la gestation peut être bénéfique pour le développement osseux du poulain.