Le cheval est un animal de grand gabarit, qui mange beaucoup en valeur absolue (au moins 10 kg de matière sèche par jour pour un individu de 500 kg). Dans la nature, il passe en outre environ 16 heures par jour à se nourrir s’il en a la possibilité. Et son tube digestif est particulièrement adapté à ce régime alimentaire : transit rapide (une heure) dans l’intestin grêle, lieu de digestion et des d’absorption des sucres, des graisses et des acides aminés, et séjour plus long (24 à 48 heures) dans le gros intestin de ce qui n’a pas été digéré précédemment, c’est-à-dire majoritairement les fibres alimentaires.
Dans le gros intestin, bactéries, champignons et protozoaires utilisent ces fibres comme source d’énergie et produisent de petites molécules bénéfiques, appelées acides gras volatils (AGV). Par leur seule présence, ces AGV vont acidifier modérément le milieu intestinal et favoriser ainsi le développement des bactéries qui utilisent préférentiellement la cellulose. En outre, ces AGV vont également avoir un rôle majeur dans l’entretien de la bonne santé de la muqueuse intestinale. Enfin, ils constituent une source d’énergie pour l’organisme.
En revanche, si la digestion ne se déroule pas correctement (par excès de céréales, par exemple), l’ amidon n’est pas totalement digéré dans l’intestin grêle et se retrouve dans le gros intestin.
A cet endroit, les bactéries vont utiliser cet amidon comme source d’énergie, mais contrairement aux fibres alimentaires, cette fermentation donne aussi lieu à la production d’acide lactique, qui va acidifier davantage le milieu intestinal et limiter un peu l’activité des bactéries bénéfiques. A ce stade, on peut alors observer des crottins mous, des diarrhées, voire même des coliques.
Lorsque la quantité d’amidon augmente franchement, l’acidification devient alors plus intense, au point même, parfois, de bloquer complètement l’activité des bactéries bénéfiques, voire de tuer certaines bactéries, libérant des toxines qui peuvent traverser la barrière intestinale et passer dans le sang. A ce stade, le cheval peut être victime de fourbure ou de coliques.
Quels sont les signes annonciateurs du dérèglement ?
Le premier indicateur d’une bonne digestion est le poids, l’état corporel et le poil du cheval. En effet, si votre cheval est en bon état, et qu’il le reste, il y a de très grandes chances pour que son tube digestif fonctionnement correctement. Attention toutefois, car un déséquilibre nutritionnel peut avoir des répercussions uniquement à long terme.
L’autre témoin de la qualité de la digestion est l’examen des crottins. Commencez par observer leur fréquence d’émission (plusieurs fois par jour) et leur volume. Des petits crottins ou une émission très fréquente doivent inciter à pousser plus loin les investigations.
L’odeur doit être modérée. Excessive, elle témoigne d’une mauvaise digestion ou d’un excès alimentaire : excès d’amidon lorsque l’odeur est acide ou aigre, de protéines lorsqu’elle est putride. N’hésitez pas, alors, à ouvrir les boules de crottins …
Comment analyser la texture des crottins ?
Les crottins doivent être humides et compacts, mais ni mouillés ni mous. Une texture trop molle est un signe de fermentations intestinales anormales, alors qu’une texture trop sèche traduit un transit trop lent. Dans les deux cas de figure, l’examen des rations s’impose.
Intéressez-vous aussi à ce qui compose les crottins : la présence de nombreuses fibres longues de plusieurs millimètres ou de grains non digérés reflète une mauvaise mastication ou une mauvaise digestion.
Les facteurs clés d’une bonne digestion
Abordons maintenant les facteurs clés d’une bonne digestion qui vous permettrons corriger d’éventuels problèmes.
- Examen et entretien des dents au moins deux fois par an, et à chaque fois qu’un doute survient, pour garantir une mastication correcte des aliments.
- Vermifugation régulière et adaptée.
- Mise à disposition d’un fourrage de qualité en permanence.
- Disponibilité des nutriments permettant aux bactéries et la flore en générale de se maintenir active : fourrage de qualité (c’est-à-dire pas seulement de la paille !), oligo-éléments, sel, phosphore.
- Distribution des aliments concentrés en petits repas pour fractionner leur arrivée dans le gros intestin (maximum 500 g d’aliment concentrés/100 kg de poids corporel/repas).
- Disponibilité permanente d’une eau propre.
- Transitions alimentaires lentes et progressives (ajout ou retrait d’une liment par petites quantités, sur plusieurs jours).
Et vous, quelles sont vos astuces pour garantir une digestion optimale de votre cheval ?
Anaël MARZIN
Responsable marché Equideos