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Ce matin, mauvaise surprise : mon cheval a une plaie assez importante au niveau du canon. S’est-il donné un coup ? S’est-il coincé dans son box ? Mystère … Désormais, il est nécessaire de gérer rapidement cette plaie qui est une porte d’entrée pour les microbes, dont l’un des plus redoutables pour le cheval, car mortel, est l’agent responsable du tétanos.
Des soins en urgence à la gestion de la plaie sur le long terme, cette semaine je vous donne les clés pour réagir au mieux face à une plaie cutanée et éviter des conséquences dramatiques.
Comment une plaie cicatrise-t-elle ?
Pour moi, il est nécessaire de bien comprendre comment une plaie cicatrise pour pouvoir agir à bon escient.
La cicatrisation comprend quatre étapes :
- L’hémostase
Elle se déroule dans les minutes qui suivent le traumatisme et consiste en la formation de caillots qui viendront obstruer les vaisseaux sanguins lésés (concrètement : le sang arrête de couler).
- La phase inflammatoire
Elle dure en moyenne 4 jours. C’est la phase de nettoyage de la plaie et de la destruction des tissus dévitalisés. Elle se reconnaît par les quatre signes classiques de l’inflammation : la rougeur ou l’érythème, l’œdème, la chaleur et la douleur.
De plus, la production de liquide ou exsudat en quantité plus ou moins importante peut être observée.
Cette phase est souvent impressionnante car on pense alors à une infection mais c’est une étape normale de la cicatrisation.
- La phase de prolifération
La plaie est maintenant propre et prête à reformer de nouveaux tissus sous cutanés et épidermiques. Cette phase dure une à deux semaines, selon la taille de la plaie.
Lors de cette phase, il se produit une prolifération des tissus de cicatrisation à partir des tissus sains de la plaie. Un tissu de granulation d’un aspect rouge se met en place. Le tissu cicatriciel est constitué de tissus fibreux (le collagène) peu résistant donc avec un risque de réouverture de la plaie.
- Phase de remodelage
Le collagène est progressivement (compter une à deux années) remplacé par un tissu fibreux plus résistant à la tension sans toutefois reprendre sa force initiale. Les fibres s’organisent et se remodèlent en une structure plus serrée et plus structurée, ce qui diminue l’apparence de la cicatrice.
Comment gérer une plaie ?
Le cheval est la plus sensible au tétanos. Je vous conseille donc de vérifier sa vaccination en cas de plaie même peu importante et ne pas hésiter à faire un sérum antitétanique en cas de doute.
Si vous trouvez votre cheval blessé, examinez rapidement la plaie. Si elle est profonde et étendue, ou si elle présente un aspect inquiétant, son traitement nécessitera l’intervention du vétérinaire. Si la plaie est large et profonde, une suture peut être nécessaire. Il faut donc intervenir le plus tôt possible (10 heures au maximum). Ensuite, la plaie deviendra trop contaminée et les bords se rétractent. La suture devient alors difficile et les points généralement cèdent après la première semaine.
Deux étapes sont indispensables :
- Nettoyer la plaie
Un bon nettoyage de la plaie est indispensable. Toutes les plaies doivent être douchées à l’eau propre et froide. Le nettoyage commence toujours par un savonnage (avec de la Bétadine rouge par exemple) puis un désinfectant peut-être appliqué localement.
Le lavage à l’eau en utilisant des produits antiseptiques type Bétadine diluée permet de limiter les risques d’infection par la multiplication des germes sur la plaie.
Il ne faut JAMAIS utiliser d’alcool sur une plaie.
- Protéger la plaie et favoriser sa cicatrisation
Je vous conseille de tondre et d’éliminer tous les poils autour de la plaie. Les poils peuvent gêner la cicatrisation et entretenir le microbisme sous la plaie. Je vous déconseille la tondeuse électrique qui va couper les poils en plusieurs morceaux et contaminer la plaie.
Savonnez plutôt la plaie avec de la Bétadine savon puis rasez autour de la plaie avec un rasoir manuel. Essayez de ne pas mettre de poils dans la plaie car ils constituent des corps étrangers qui augmenteront la phase d’inflammation.
Contrairement à l’idée générale, il est préférable de maintenir les plaies sous pansement jusqu’à cicatrisation complète. Cela permet de maintenir un certain niveau d’humidité sur la plaie afin d’accélérer la cicatrisation d’une part, et de limiter la contamination d’autre part.
La plaie en phase d’inflammation produit un liquide appelé exsudat remplit d’éléments nécessaires à la cicatrisation, à la prolifération des nouveaux tissus et à la migration des cellules. Les pansements doivent favoriser le contact de ce milieu avec la plaie. Le milieu humide permet ainsi d’empêcher la déshydratation et la mort cellulaire.
Vous devez cependant veiller à ce que le pansement reste propre et éviter les macérations. Il devra donc être changé régulièrement (tous les jours les 15 premiers jours puis tous les deux jours ensuite) pour éviter l’infection et favoriser le drainage.
Le pansement comprend toujours une partie stérile en contact direct avec la plaie (compresse), puis une partie absorbante propre (coton gazé ou pansement américain) et enfin une bande collante ou autoadhésive.
Si la localisation de la plaie ne permet pas d’utiliser une bande, un pansement collé peut être appliqué : arrondissez les coins du pansement pour éviter son décollement, humectez avec de l’éther la partie collante autour de la plaie puis tamponnez les parties décollées avec du papier essuie-tout pour que la colle redeviennent solide et adhère bien à la peau.
Pour finir, l’un des premiers paramètres à prendre en compte et pas des moindres pour la mise en place des soins sur une plaie est le caractère du cheval. Vous pourrez connaître toute la marche à suivre en théorie, il faut qu’en pratique votre cheval vous permette de la soigner.
Lors du soin d’une plaie cutanée, il ne faut jamais oublier que votre cheval est unique. Il n’y a pas de recette miracle : il faut se questionner et ajuster les soins à l’évolution de la plaie et au cheval.
Anaël MARZIN
Responsable marché Equideos
