Les arbustes peuvent pousser spontanément dans la nature, en général en lisière de forêt, ou être plantés comme éléments d’ornement. Certains d’entre eux, comme le laurier-rose et le datura arborescent, peuvent se révéler très toxique pour les chevaux. Il convient donc de les identifier clairement afin d’éviter tout risque d’ingestion fortuite.
Les arbustes sont des plantes lignifiées, c’est-à-dire contenant du bois, mais de petite taille et ramifiées à leur base, contrairement aux arbres. Nombre de petits arbres sont souvent taillés en haie, et disposent donc d’un port d’arbuste, bien que sur le plan botanique ils restent dans la catégorie des arbres. Si la toxicité de certains, comme l’if, le laurier-cerise, le troene, le buis et le thuya, est bien connue, il n’en va pas toujours de même avec les arbustes.
La grande difficulté pour décrire leur toxicité est liée au fait que certaines intoxications sont peu rapportées chez le cheval ou que la dose toxique n’est pas ou mal connue. Néanmoins, tous les arbustes présentés dans cet article contiennent des principes toxiques : il sera donc prudent de les connaître et de les éviter.
Le laurier-rose
Le laurier-rose est souvent incriminé dans des intoxications chez les chevaux. En effet, cette plante contient des substances toxiques pour le cœur. Cette toxicité est d’ailleurs conservée à l’état sec, et les principes actifs peuvent se solubiliser si des feuilles tombent dans un abreuvoir ou une citerne d’eau. C’est d’ailleurs souvent ainsi que les animaux s’intoxiquent.
Dans ce cas, on retrouve généralement plusieurs chevaux morts dans le pré. En effet, très rapidement après l’ingestion de feuilles (10 – 15 feuilles) ou d’eau souillée, les chevaux semblent très inquiets et des symptômes d’insuffisance cardiaque sévère apparaissent.
Même si les éleveurs ou les cavaliers repèrent très rapidement l’apparition des symptômes, le traitement est le plus souvent illusoire. C’est pourquoi il faut absolument éviter de planter des lauriers-roses dans les zones où les chevaux sont susceptibles d’aller.
Le datura arborescent
Le datura arborescent, appelé également brugmansia, est planté comme un arbre d’ornement. En effet, en feuilles quasiment toute l’année et en fleurs à l’automne, cet arbuste égaye les courtes journées d’automne. Comme le datura stramoine, cette plante contient des dérivés de l’atropine et peut provoquer de graves troubles neurologiques si quelques centaines de grammes se trouvent consommés par des chevaux. En l’absence de traitement, les animaux intoxiqués tombent dans le coma et évoluent rapidement vers la mort.
Le redoul
Le redoul ou herbe aux tanneurs est un arbuste du Sud de la France. Pour le reconnaître, il faut regarder les jeunes tiges qui sont carrées et la nervation des feuilles. Arbuste très souvent incriminé dans l’intoxication des chèvres, le redoul peut aussi provoquer des troubles chez les chevaux. Dans ce cas, vingt minutes à deux heures après la consommation de baies ou de jeunes pousses, les chevaux présentent des troubles nerveux. La mort survient rapidement au cours d’une crise de convulsion. La dose toxique n’est à ce jour pas connue chez le cheval.
Les arbustes de la famille des thyméléacées
Les arbustes de la famille des thyméléacées se reconnaissent au fait que leurs fleurs puis leurs fruits ne sont pas placés à l’extrémité des tiges, mais sous les feuilles. Ces arbustes portent des fruits de différentes couleurs à maturité : noirs pour la lauréole, rouge pour le bois-Joseph ou pour le garou.
Toutes les parties de la plante, mais surtout les baies et l’écorce, contiennent des principes actifs mal connus mais responsables de troubles digestifs et rénaux. Les chevaux s’intoxiquent le plus souvent en rongeant l’écorce (dose toxique : 30g).
Le rhododendron
Les feuilles et les fleurs de rhododendron sont très toxiques et provoquent des troubles cardiaques, généralement mortels. Le cheval s’intoxique rarement, mais il ne faut pas l’attacher à un tel arbuste ou lui donner des résidus de taille.
La coronille
Un arbuste de la famille des légumineuses contient le même poison que la cytise. Il s’agit de la coronille variée ou bigarrée. Cette plante assez commune, sauf dans le Nord et le Midi, est un arbuste vivace de 30 à 120cm, aux tiges étalées et érigées portant des feuilles imparipennées, à sept ou douze paires de folioles oblongues portant deux stipules libres à leur base. Les fleurs sont de petite taille (10 – 15 mm), de couleur rose, lilas ou bicolore et sont groupées par 10 – 20.
Comme la cytise, la coronille contient plusieurs principes actifs ayant une action sur le système nerveux.
Les genêts
Le genêt d’Espagne et le genêt à balais peuvent provoquer des troubles nerveux convulsivants chez le cheval. Très rarement observées, cette intoxication suit la consommation de graines tombées par terre, ou présentes dans le fourrage.
La plupart des arbustes présents dans cet article présentant des risques mortels pour les chevaux, il est indispensables d’apprendre d’une part à les identifier, mais aussi de proscrire systématiquement leur plantation à proximité ou sur les lieux de vie mêmes des chevaux. Une mesure simple de bon sens, qui mériterait d’être plus largement appliquée !
Anaël MARZIN
Responsable marché Equideos