La semaine dernière, j’abordais le sujet de la perte d’état chez le cheval alors que les quantités de concentrés ingérées augmentaient. Aujourd’hui, je m’intéresse aux diarrhées chroniques chez le cheval est plus particulièrement aux diarrhées dont le facteur alimentaire en cause serait les grandes quantités d’amidon dans la ration (et oui, encore lui !). Pourquoi ? Comment y remédier ? Réponses dans cet article !
Une histoire d’eau dans le gros intestin !
Le mécanisme de l’absorption de l’eau est directement lié à celui de l’absorption des acides gras courts (AGC), communément appelés acides gras volatiles (AGV). Ils proviennent en grande partie de la dégradation des fourrages par les microorganismes qui peuplent le gros intestin du cheval.
En 2008, il est établi que chez les chevaux, les AGV sont absorbés conjointement avec l’eau, cependant ce mécanisme est inhibé par l’acide lactique.
Ce dernier est produit en quantité importante lorsque de l’amidon résiduel (voir mon article précédent) est fermenté par les microorganismes du gros intestin. L’acide lactique entraîne une acidification intracellulaire qui influence, par conséquent, l’absorption du sel, de l’eau et des AGV.
Utilisez des fourrages pour limiter les risques.
En termes d’alimentation, l’absorption de l’eau au niveau du gros intestin est donc liée à la production d’AGV par la fermentation des substrats énergétiques par l’écosystème microbien. La production d’AGV dépend des bactéries présentes et de leur activité. Des perturbations de l’écosystème microbien (changement d’aliment, traitement antibiotique, etc.) sont ainsi susceptibles de générer des diarrhées. Cette production d’AGV dépend également du temps de rétention dans le gros intestin, qui varie selon le régime alimentaire. Lorsque les chevaux reçoivent d’importantes rations de concentrés, le temps de rétention dans le gros intestin diminue, ce qui laisse moins de temps pour l’absorption de l’eau.
Parallèlement, la production de lactate augmente avec la proportion de concentrés dans la ration. Le pH dans le gros intestin baisse alors, ce qui induit une chute de la concentration et de l’activité des bactéries cellulolytiques. Moins d’AGV sont produits, donc une quantité moindre d’eau est absorbée …
En conclusion, il convient de distribuer des fourrages afin de limiter les risques de diarrhées chroniques d’origine alimentaire et de favoriser la réhydratation. Le seuil minimal recommandé pour réduire ceux-ci à longtemps été fixé à 1kg de matière sèche de fourrage par 100 kg de cheval. Ce seuil est aujourd’hui revu à la hausse et fixé à 1.5kg de matière sèche de fourrage par 100 kg de cheval (soit 8 à 9 kg de foin pour un animal de 500 kg).
Par ailleurs, chez les chevaux qui souffrent de diarrhées chroniques, les apports d’aliments qui diminuent le temps de rétention dans le gros intestin (concentrés et matières grasses) sont à contrôler. La distribution d’un probiotique, qui influence l’écosystème bactérien du gros intestin, permet également de limiter les diarrhées.
Anaël MARZIN
Responsable marché Equideos