C’était l’une de mes bonnes résolutions pour cette année 2018 : être d’avantage à l’écoute des besoins de mon cheval pour augmenter son bien-être.
Qu’est-ce qu’un cheval heureux ? Concrètement, quelles sont les choses à mettre en place pour l’aider à atteindre ce bien-être aussi bien dans son environnement quotidien qu’au travail ?
Que vous soyez propriétaire d’un cheval, éleveur, cavalier, gérant d’un centre équestre ou entraîneur de chevaux de course, le bien-être de vos chevaux a un impact important sur leur moral, leur santé et sur leurs performances. Il est donc nécessaire de se poser la question.
Je vous propose donc cette semaine un article de blog exclusivement consacré à ce sujet. Alors, heureux ?
Qu’est-ce qu’un cheval heureux ?
D’un point de vue scientifique, en biologie du comportement, le terme « heureux » n’est pas directement employé. Cependant, il fait bien évidemment appel à des notions de bien-être et la capacité à ressentir ces émotions.
Si on parle d’un état sur le long terme, on peut considérer qu’un cheval heureux est un cheval présentant un état de bien-être satisfaisant. Sur un plus court terme (à un instant « t »), on peut considérer qu’un cheval heureux est un animal ressentant des émotions positives (par exemple du plaisir, de la satisfaction).
Impossible de vous répondre de manière exhaustive tant les indicateurs de bien-être/mal-être peuvent prendre des formes variées.
La première chose dont vous devez vous assurer est de l’absence d’indicateurs de mal-être. Ces indicateurs apparaissent lorsque les besoins propres à l’espèce ne sont pas respectés (isolement social, alimentation inadaptée, inactivité, etc.), lorsque le cheval subit des expériences négatives durables et/ou répétées, ou bien évidemment lorsque son intégrité physique est atteinte (maladie, blessure, malnutrition, etc.).
Parmi les indicateurs comportementaux les plus connus, je citerais les stéréotypies (ou « tics »), l’agressivité exacerbée, l’émotivité accrue ou au contraire l’apathie.
Les conséquences du mal-être peuvent également être physiques avec par exemple l’ apparition d'ulcères gastriques ou de blessures (en cas d’automutilation).
Au-delà de l’absence de mal-être, je vous conseille de vérifier que votre cheval est « heureux » en vous assurant qu’il exprime les comportements normaux de son espèce : interagir positivement et établir des relations sociales avec ses congénères, consacrer beaucoup de temps à son alimentation (fourrage/pâturage), passer une grande majorité de son temps calme, avec une posture relaxée et les oreilles peu souvent en arrière, se déplacer calmement au pas, etc.
Finalement, l’expression d’un bien-être est généralement plus discrète que l’expression d’une détresse.
Que puis-je faire pour augmenter le bien-être de mon cheval dans son environnement quotidien ?
Le sujet est vaste …
Je dirais que l’important est de proposer des conditions de vie en adéquation avec les besoins de l’espèce. Les deux principales caractéristiques du cheval que vous devez avoir à l’esprit sont le fait qu’il soit social et herbivore.
Inspirez-vous du mode de vie des chevaux en conditions (semi-) naturelles.
La vie au pré au sein de groupes sociaux stables constitue le meilleur moyen de s’en rapprocher. Enrichir l’environnement peut également aider et stimuler le cheval . Par exemple des enrichissements alimentaires permettent d’augmenter le temps consacré à l’alimentation (par exemple : cacher la nourriture, fractionner les repas, favoriser les fourrages, faire varier les goûts).
Les chercheurs en éthologie recommandent également de donner l’opportunité aux chevaux de se déplacer librement de manière quotidienne (un cheval consacre normalement près de 16h/jour à se déplacer au pas, généralement en s’alimentant en même temps).
Dans tous les cas, une observation rigoureuse de votre cheval est nécessaire pour déterminer si les conditions que vous lui proposez lui conviennent ou non.
Que puis-je faire pour augmenter le bien-être de mon cheval quand je le travaille ?
Comme toujours, c’est le cheval qui détient les réponses le concernant. L’important est d’apprendre à l’observer pour tenter d’ évaluer son degré de bien-être .
La première chose est bien évidemment de bannir toute pratique douloureuse et contraignante pour le cheval. Ensuite, je vous conseille d’être vigilant au moindre signe d’inconfort ou de stress (fouaillement de la queue, posture des oreilles, etc.), et en miroir d’être vigilant au signe de bien-être (comme posture relaxée, curiosité).
Pensez également à préserver votre cheval de toute situation stressante à laquelle il ne pourrait pas rapidement s’adapter (par exemple : détresse lors de l’éloignement des congénères, peur face à des situations nouvelles ou soudaines). Lorsqu’une situation de stress est inévitable, préparez votre cheval en amont , par le biais d’une familiarisation progressive plutôt qu’en l’exposant brutalement au stress.
Enfin bâtissez une relation positive avec votre cheval (pas seulement lors du « travail ») afin d’évoluer avec un cheval confiant et serein. Pour cela, utilisez préférentiellement sa motivation pour des éléments positifs (notamment les récompenses alimentaires) et encouragez sa curiosité.
Anaël MARZIN
Responsable marché Equideos