La sélection naturelle ayant privilégié l’aptitude à la fuite, le cheval bénéficie d’un système musculaire extrêmement sophistiqué. Malheureusement, ce haut degré de sophistication comporte quelques faiblesses. Dans certaines circonstances, les chevaux peuvent ainsi être victimes du trop célèbre coup de sang qui laisse des séquelles invalidantes.
Le muscle est un organe exceptionnel : sous l’effet d’une série de réactions chimiques, il est capable de se raccourcir et d’engendrer des mouvements. Pour fonctionner, le muscle à besoin d’énergie ; elle lui est fournie par une petite molécule, l’ATP, capable de se décomposer en produisant de l’énergie, de l’eau et des déchets (dont le plus connu est l’acide lactique). Comme l’ATP ne se stocke quasiment pas dans le muscle, l’organisme doit la produire lorsqu’un effort est demandé. Cette production s’effectue par l’intermédiaire de deux mécanismes distincts, selon que l’effort se déroule en présence ou en l’absence d’oxygène.
Les fibres musculaires du cheval peuvent être classées en trois catégories différentes, selon leur aptitude à se contracter et à utiliser ou non l’oxygène. Les fibres de type I, lentes, utilisent essentiellement la voie aérobie, celles de type IIa, rapides, peuvent fonctionner en mode aérobie ou anaérobie. Enfin, les fibres de type IIb, rapides, privilégient surtout le mécanisme anaérobie. L’aptitude d’un cheval à fournir un effort découle très directement de la qualité de ses fibres musculaires ; d’une part parce que chaque fibre est plus ou moins adaptée à produire un effort bref ou long, mais aussi parce qu’un entraînement bien conduit favorise l’utilisation de la voie aérobie par les fibres de type IIa.
Le coup de sang : origine et conséquences
D’apparition brutale, les myosites (inflammation du tissu musculaire) peuvent s’exprimer de façons diverses. Les muscles volumineux de la croupe et de la cuisse y sont les plus prédisposés : ils gonflent, durcissent et provoquent une douleur telle que le cheval se met à transpirer abondamment, à trembler, à exprimer des signes rappelant les coliques …
Le symptôme qui a donné le nom scientifique de cette maladie et qui se traduit par l’émission d’urines de couleur rouge/brun n’est en revanche pas toujours détectable en début de crise. C’est souvent après quelques minutes de travail que les symptômes apparaissent, mais parfois aussi dès les premiers pas hors du box.
De manière générale, tout ce qui réduit la capacité d’oxygénation de l’organisme, comme le parasitisme, les carences en oligo-éléments et l’anémie, prédispose aux myosites.
Quelques précautions s’imposent …
Quelques mesures de bon sens éviteront de placer le cheval en situation de risque aggravé : avec des rations qui comportent beaucoup de céréales, il faut réduire d’au moins un tiers les quantités distribuées le soir précédant la ou les journées de repos. Si vous diminuez la ration de concentrés (céréales ou granulés), pensez à distribuer davantage de foin pour éviter que votre cheval ne compense la diminution de sa ration par une surconsommation de paille …
Pour prévenir les myosites consécutives à un arrêt de travail, la solution la plus efficace consiste à mettre son cheval au paddock, ou mieux encore, au pré, pendant la journée de repos. Un échauffement convenable est également indispensable car cette phase permet au système circulatoire de s’adapter progressivement à la demande accrue d’oxygène du muscle. Une mise en condition, adaptée au type d’effort, permet au cheval de développer sa capacité aérobie et son système vasculaire et musculaire.
Dans le même esprit, l’utilisation d’un simple couvre-reins lors de sorties par temps très venteux et pluvieux permet d’éviter un refroidissement excessif des masses musculaire favorable aux myosites. Après un effort, il est préférable de ne pas refroidir brutalement les muscles par une douche, car l’eau froide provoque une constriction des vaisseaux sanguins alors que l’élimination des toxines n’est pas achevée. La récupération active reste la meilleure façon de terminer un travail intense.
L’utilisation de compléments alimentaires peut être recommandée chez les chevaux de sport victimes de raideurs musculaires : l’utilisation d’un complément alimentaire riche en antioxydant participera à protéger les cellules de l’organisme. D’autre part, chez le cheval d’endurance, l’apparition de coup de sang peut être causé par des désordres électrolytiques, notamment par les pertes de potassium et de chlore lors d’une transpiration excessive, il est donc conseillé de complémenter ces chevaux avec des produits adaptés à leurs besoins ( ).
Anaël MARZIN
Responsable marché Equideos