En France, un tiers des prairies sont implantées au début du printemps, avec une proportion beaucoup plus importante dans les régions avec un risque de gelée tardive au printemps. C’est également une saison propice à la réussite des semis de pérennes plus lentes d’installation telles que les dactyles, les fétuques ou la luzerne. Nous vous proposons, dans cet article, de faire le tour des avantages et des limites de cette pratique culturale.

Avantages des semis de printemps

Avantages semis

- Travail du sol plus facile : Le labour d’hiver et le gel rendent le sol plus facile à travailler pour obtenir un lit de semences fin adapté au semis des petites graines. Il faudra attendre un ressuyage suffisant avant toute préparation culturale. Lors du semis, le sol devra être bien rappuyé par roulage pour favoriser le contact sol-graine indispensable à une bonne germination.

- Pousse plus rapide : Les plantules se développent plus vite par temps chaud et humide. C’est un atout essentiel pour la réussite des espèces plus lentes d’installation (luzerne, fétuques…). ( Découvrez la gamme Fétuques)

- Luminosité et longueur du jour croissantes : Les légumineuses, plantes de lumière, profiterons au maximum de la photo-période et des températures du printemps qui leur sont très favorables.

Limites des implantation au printemps


Avantages semis

-Risques de gel : Il faut chercher à semer suffisamment tôt tout en évitant les risques de destruction par le gel qui pourrait être fatal à la jeune prairie. La période à partir de laquelle vous pouvez commencer à semer est mi-mars sur la façade océanique et en Normandie, fin mars-début avril à l’est et pas avant Avril en zone de montagne. Les températures ne doivent plus être en deçà de 5°C au moment du semis.



- Risques de sécheresse précoce : à l’inverse, il ne faut pas semer trop tard afin que les jeunes plantules soient suffisamment enracinées pour supporter l’arrivée des périodes de manque d’eau, et pour ne pas pénaliser la production avant l’été.

- Risque de salissement : comme les semences fourragères, les adventices poussent très vite au printemps ! Il est donc impératif de semer à une densité suffisante et d’une manière homogène pour favoriser une couverture rapide du sol par les espèces désirées. L’objectif est d’avoir 500 plantes au m2, ce qui signifie qu’il faut semer 1000 graines par m2 pour l’atteindre. On considère en effet qu’une graine sur deux seulement donne une plante viable compte-tenu de la faculté germinative des espèces et du taux de mortalité post-germination. Il est conseillé d’éviter le semis en ligne qui augmente le risque de salissement, et d’enfouir les graines à moins d’un cm de profondeur. Il faudra également surveiller les attaques de limaces et de tipules pouvant provoquer d’importants dégâts sur jeune prairie.

- Production plus faible : le potentiel de rendement en première année d’une prairie implantée au printemps est inférieur à celui des implantations d’automne. Néanmoins, pour les espèces les plus lentes à installer, c’est souvent la meilleure façon de les réussir durablement.

La rénovation des prairies

Avantages semis

La technique du semis direct sans labour permet de remettre en état les prairies anciennes ou fortement dégradées par le sur-pâturage ou la sécheresse, et ce à moindre frais. C’est également un moyen particulièrement adapté aux parcelles trop humides, rocailleuses ou au relief trop accentué pour envisager un retournement. Toutefois, cette technique nécessite un minimum de règles et l’emploi d’un semoir adapté.


- Pour une réfection totale, il faut envisager une destruction de la vieille prairie par un désherbage avec un désherbant systémique total à l’automne précédent. Le feutre végétal sera dégradé au cours de l’hiver par le gel et l’action des lombrics, favorisant l’aération du sol et l’émiettement en surface du lit de semences. L’usage du désherbant sera aussi très bénéfique pour nettoyer les plantes vivaces type rumex et pissenlits et les plantes à rhizome telles que le chiendent, la houlque et le liseron. Le semis pourra se faire en sortie d’hiver avec un minimum de griffage du sol, et un semoir spécifique.

- Pour une réparation des parcelles, le sur-semis permet de boucher les trous de végétation, et de restaurer le potentiel de rendement de la parcelle. Privilégiez alors la réimplantation d’espèces plus agressives à l’installation : RGI ou RGH en mélange avec du RGA avec ou sans fétuque élevée pour le pâturage.( découvrez Mix Renov Prairie)

- Il peut également être judicieux d’apporter un engrais complet au moment du semis pour fournir les éléments nutritifs facilement assimilable aux jeunes plantules.

En résumé

Le renouvellement des prairies en début d’année est une pratique judicieuse pour profiter des conditions de pousse plus dynamique du printemps (chaleur et humidité du sol). Les facteurs de réussite sont simples à maitriser : effectuer une bonne fumure de fond et les chaulages nécessaires, éliminer des adventices coriaces plus facilement, être patient pour attendre que le sol soit bien portant, et que les risques de gel soient passés. Enfin, il ne faudra pas négliger la surveillance des limaces et autres ravageurs au moment de la levée.



François-régis DUBREIL
Responsable de marché agrofourniture


Thibault DELATTRE
Responsable marché Equideos