Nombre de repas insuffisants, trop grandes quantités d’aliments concentrés distribuées à la fois, fourrage de qualité médiocre … Les conditions alimentaires auxquelles nous soumettons nos chevaux mettent leur système digestif à rude épreuve. Pour limiter leurs conséquences, l’ajout de probiotiques à la ration peut être une solution. 

Veiller au bon fonctionnement du système digestif revient à respecter les deux étapes de la digestion : enzymatique en amont du gros intestin et microbienne dans le gros intestin. Mais, un propriétaire doit souvent faire face à de nombreuses contraintes pratiques qui induisent des erreurs dans la façon dont il gère l’alimentation de son cheval. Or, celles-ci sont susceptibles de perturber le fonctionnement de la flore intestinale. Les probiotiques peuvent néanmoins contribuer à limiter ces perturbations.


Le terme de probiotique (littéralement « pour la vie ») a été inventé par opposition à celui d’antibiotique (« contre la vie »). Les probiotiques sont définis comme des « préparations microbiennes vivantes qui ont une action bénéfique sur l’hôte en améliorant la digestion et l’hygiène intestinale ». Les micro-organismes répondant à cette définition sont recensés parmi les bactéries lactiques (Lactobacillus, Bacillus, Streptococcus, Enterococcus, Lactococcus), les bifidobactéries, les levures (Saccharomyces) et les champignons (Aspergillus).

Les bienfaits des levures

Actuellement, les probiotiques disponibles sur le marché pour le cheval contiennent principalement des bactéries du genre Lactobacillus, Bifidobacterium ou Streptococcus et des levures du genre Saccharomyces (DEOSDIGEST). Peu d’études scientifiques ont été conduites pour démontrer l’action des probiotiques chez le cheval. La plupart des travaux ont porté sur les levures.


Chez les juments gestantes et allaitantes a qui on donne des levures, un effet bénéfique a pu être démontré sur la digestion des fibres. La production et la composition du lait chez les juments ont été améliorées, aboutissant à une croissance plus rapide des poulains.


Chez de jeunes chevaux, la distribution de levures s’est traduite par une meilleure digestion des fibres et des protéines des fourrages. Une stimulation de l’hormone de croissance a également été observée, améliorant le développement osseux et musculaire.


Chez les chevaux adultes, l’ajout de levures augmente l’efficacité de la digestion du phosphore et des fibres des fourrages.


L’équipe de recherche de l’ENESAD de Dijon a conduit des études pour expliquer l’effet d’une source de levure, Saccharomyces cerevisae appelée Yea-Sacc, sur la flore du gros intestin chez le cheval. Les chercheur ont démontré que l’addition de Yea-Sacc améliore la digestion des fourrages dans le gros intestin en stimulant le développement et l’activité des micro-organismes capables de consommer les fibres : les bactéries cellulolytiques.


Outre leur action zootechnique, les probiotiques ont un effet sur l’hygiène intestinale des chevaux. Dans une étude menée sur plusieurs centaines de chevaux aux États-Unis, l’addition de levures a contribué à limiter les troubles digestifs et les effets négatifs du stress chez les animaux, leur assurant ainsi meilleurs santé et bien-être.


Les chercheurs de l’ESAD ont également montré que l’ajout de Yea-Sacc à la ration favorise le développement de micro-organismes qui diminuent la production d’acides dans le gros intestin. Cela permet de stabiliser le pH dans le gros intestin, en particulier lorsque la ration est riche en céréales (amidon) et de limiter le risque de perturbations de la flore digestive. En pratique, l’utilisation de levures s’avère donc particulièrement recommandée pour les chevaux athlètes dont les rations très énergétiques dépassent les capacités de digestion enzymatique de l’intestin grêle.


Des travaux récents ont aussi montré que les lactobacilles peuvent stimuler les systèmes de défenses immunitaires des chevaux. Ces probiotiques joueraient un rôle sur l’équilibre de la flore intestinale et inhiberaient l’implantation de micro-organismes responsables de maladies.


Les probiotiques utilisés chez le cheval ont donc bien une double action bénéfique en améliorant d’une part la digestion de l’hôte et d’autre part son hygiène intestinale. Il apparaît donc avantageux de distribuer des levures pour augmenter la digestion des rations riches en fourrages chez les juments gestantes ou allaitantes, de jeunes chevaux en croissance ou des chevaux adultes. Il est également profitable de distribuer des levures ou des lactobacilles aux chevaux recevant des rations perturbatrices, notamment les chevaux athlètes, afin de limiter les modifications de la flore digestive. La prévention par les probiotiques doit bien sûr être complétée par des conseils d’utilisation des aliments et de formulation des rations.

Anaël MARZIN
Responsable marché Equideos