On nous explique souvent comment gérer l’alimentation globale de notre cheval, mais n’oublions pas que c’est un athlète et que la gestion autour de ses repas est importante. Nous verrons dans un deuxième article les effets du timing et du type de repas sur l’effort. Mais avant toute chose commençons par comprendre la physiologie de l’effort chez le cheval . Comment le muscle fonctionne-t-il ? Quelle source énergétique utilise-t-il ? Quels sont les facteurs de variation ?
Source énergétique
Le cheval durant l’effort à besoin de carburant pour faire fonctionner ses muscles, celui directement utilisé par les muscles est sous forme d’
ATP (adénosine triphosphate)
, c’est cette molécule qui permet la
contraction des muscles
, seulement elle n’est que très peu stockée et nécessite pratiquement une production continue, qui est intensifiée par l’effort. Il y a plusieurs voies pour produire ce carburant, la voie la plus rapide, sous forme de
phosphocréatine
(stockée dans le muscle), mais très rapidement épuisée, la
voie aérobique
(oxydation des sucres ou des graisses) et la
voie anaérobique
(fermentation des sucres sans oxygène). Dans ces voies il y a encore des variations en fonction de l’utilisation des sucres ou des acides gras. Détaillons …
La
voie aérobique
utilise l’oxygène, les sucres ou les graisses pour
produire de l’ATP
, comme elle utilise l’oxygène cette voie est plus lente et dépend de la capacité du cheval à apporter de l’oxygène dans les muscles.La
fermentation anaérobique
, quant à elle, permet une
production assez rapide d’ATP
lorsque la voie aérobique ne suffit plus mais produit la fatigue des muscles avec la production d’acide lactique. Les sucres peuvent provenir des réserves dans le foie ou dans le muscle (sous forme de glycogène), ou directement être prélevés dans le sang (sous forme de glucose). Les graisses sont utilisées sous forme d’acide gras (AG), ceux-ci peuvent être prélevés aussi dans le sang par l’absorption dans l’intestin des acides gras issus de la fermentation des fibres, ou bien venir de l’oxydation des graisses. La
production d’ATP
serait plus efficace lorsqu’elle vient de l’oxydation des graisses, par la production de plus de molécules et en libérant moins de chaleur.
Muscle et effort
Chaque effort est un mélange entre l’utilisation de la voie anaérobique et la voie aérobique du muscle . Ce mélange varie en fonction de l’intensité et de la durée de l’exercice. Ainsi, un travail court et intense tend à plus utiliser la voie anaérobique qu’un travail long de faible à moyenne intensité. Ce mélange peut aussi être influencé par la gestion de l’alimentation , à voir dans la partie 2 de l’article.Pourquoi l’intensité et la durée de l’effort influencent la voie métabolique activée ?
C’est dû aux différents types de fibres musculaires , qui en fonction de leur action nécessite plus un substrat que l’autre. L’ entrainement et la génétique du cheval va déterminer la proportion des différentes fibres dans le muscle. Il existe 3 types de fibres :
- Type I (contraction lente) ;
- Type IIA (Contraction rapide – très oxydative) ;
- Type IIX (Contraction rapide – très glycolytique).
Ainsi, les fibres de type I utilisent en général plus la voie aérobique et préfère l’utilisation des acides gras. Elles sont les plus résistantes à la fatigue. Les fibres de type IIA utilisent les acides gras et les sucres . Les fibres de type IIX sont les moins aérobiques et se reposent essentiellement sur les sucres. Elles sont généralement les plus utilisées lors d’effort de forte intensité comme le sprint, lorsqu’on a besoin de contraction rapide et d’une grande puissance. Comme leur capacité aérobique est réduite, l’utilisation des sucres se fait généralement sans oxygène et produit de l’acide lactique donc de la fatigue.
Le jeu de l’entrainement, c’est de tenter de rester le plus longtemps en phase aérobie pour retarder l’utilisation des réserves des muscles et l’accumulation d’acide lactique et provoquer une fatigue métabolique. Les chevaux sont connus pour avoir une capacité aérobique bien plus importante que les hommes, mais une récupération des réserves (sous forme de glycogène) dans les muscles moins importante.
Pour rechercher la performance, l’entraineur va jouer sur la variation des intensités de travail en fonction de l’objectif et l’alimentation pour assurer l’apport optimal de nutriment suivant l’effort. Un des facteurs importants est le timing du repas par rapport à l’effort que nous verrons en deuxième partie.
Lawrence L., 2008. Nutrient Needs of Performance Horses. R. Bras. Zootec., v.37, p.206-210.
Suzie Bathellier