peripartum chez les poulinières

Vous le savez, le cheval est un herbivore, il est donc physiologiquement adapté pour tirer la majeure partie de son énergie de la digestion des fibres.

Cependant, il est aussi capable d’utiliser des substrats énergétiques contenus dans les céréales et dans les matières grasses. Cette spécificité est intéressante à retenir notamment si les besoins nutritionnels de votre cheval sont importants (travail intense, accès restreint à l’herbe ou au foin).


Si vous êtes dans ce cas (c’est-à-dire, si le foin ou l’herbe seuls ne suffisent pas à couvrir les besoins de votre cheval), la forme d’apport d’énergie complémentaire doit être alors réfléchie pour répondre aux besoins du cheval tout en respectant sa santé et son bien-être … Et voilà le sujet de mon blog cette semaine ! Alors l’amidon, risqué ou pas ?

Fréquemment utilisé dans l’alimentation des chevaux de sport pour couvrir leurs besoins en énergie, l’amidon, issu des céréales, est depuis quelques temps l’objet de critiques récurrentes : fourbures, ulcères à l’estomac, syndrome métabolique équin (SME), problème musculaire comme la myopathie équine à stockage de polysaccharide (PSSM), etc. La liste des déséquilibres liés à un excès d’amidon dans l’alimentation du cheval est longue

Pourquoi l’amidon pose-t-il problème ?

La digestion de l’amidon commence dans l’estomac du cheval, où il est fermenté par des bactéries qui l’utilisent comme substrat. L’amidon qui n’est pas dégradé dans l’estomac atteint l’intestin grêle où des enzymes le « découpent » en molécules de glucose. Le glucose et les autres sucres simples de la ration sont alors absorbés et passent dans le sang.

Une grande ingestion de céréales peut poser problème au niveau de l’estomac : lorsque le cheval ingère une grande quantité d’amidon, la rétention dans l’estomac s’allonge fortement (plusieurs heures), la fermentation gastrique de l’amidon est alors intense. En parallèle, les sécrétions d’acide chlorhydrique sont continues dans l’estomac. Lorsque le pH du contenu gastrique baisse en dessous d’un certain niveau (pH<4), les acides gras à chaînes courtes produits par la fermentation de l’amidon sont présents sous une forme délétère pour la muqueuse squameuse qui n’est pas protégée par des sécrétions protectrices. Les dysfonctionnements cellulaires engendrés sont à l’origine de lésions ulcéreuses sur cette muqueuse.

La digestion de l’amidon dans l’intestin grêle entraîne la production de glucose qui contribue à l’augmentation de la glycémie. Pour les chevaux atteints de troubles métaboliques (syndrome métabolique équin, certains cas de Cushing, etc.) et notamment d’insulinorésistance, il est recommandé d’éviter de trop grandes variations de glycémie.

Par rapport à d’autres espèces de monogastriques, la capacité de digestion de l’amidon dans l’estomac et l’intestin est limitée chez le cheval. Aussi, dans le cas d’un apport important de céréales, l’amidon atteint le gros intestin. Lorsque que des quantités abondantes d’amidon atteignent le gros intestin, leur fermentation entraîne une augmentation de la concentration en acide lactique et une acidification appelée « acidose intestinale ». Ce phénomène provoque un déséquilibre du microbiote intestinal et différents dysfonctionnements sont observés. Les bactéries qui dégradent les fibres supportent mal l’acidité et leur nombre chute en cas d’acidose, ce qui entraîne une baisse de la digestibilité des fibres. Ceci pourrait être à l’origine de certaines formes de maladies comme les coliques.

Faut-il bannir l’amidon des rations de nos chevaux ?


Si le fourrage peut tout à fait suffire aux chevaux dont les besoins alimentaires sont faibles (à condition toutefois d’y ajouter un complément minéral vitaminé), dès que les besoins augmentent, cela ne suffit plus (c’est le cas des chevaux au travail, des poulains ou des juments allaitantes). Plutôt que de faire la chasse à l’amidon, je vous conseille donc plutôt de veiller en premier lieu à mieux équilibrer les repas de votre cheval et à prendre en compte l’ensemble de ses besoins.

Autrement dit, si vous avez tendance à augmenter la proportion de concentrés, voire à complexifier sa nature en rajoutant des compléments alimentaires, afin de pallier l’utilisation de fourrages de qualité, revenez plutôt à la base !

Cela passe d’abord par l’évaluation de la valeur nutritive de votre fourrage disponible (soit en se basant sur des valeurs moyenne, soit en faisant analyser votre fourrage en laboratoire). C’est seulement à partir de cet indicateur que les besoins des chevaux pourront éventuellement justifier une complémentation en amidon ou en lipides.

Afin de limiter les risques de développement d’ulcères de la muqueuse squameuse, il est conseillé de limiter les quantités d’amidon consommées à 500 g par repas pour un cheval de 500 kg (soit environ 1 kg d’orge). En parallèle, l’apport d’aliments à fort pouvoir tampon, comme la luzerne, peut permettre de réduire les risques de problèmes. Pas facile de calculer la quantité d’amidon par repas pour votre ration ? Demandez-moi un plan de rationnement au 0 801 800 100 (et c’est gratuit !).

En conclusion, rappelons nous que le cheval est un herbivore, il a donc besoin de fibres … Est-ce le retour en force des fibres ? Comment les utiliser ? Patience ! C’est l’article de blog de la semaine prochaine !

Anaël MARZIN
Responsable marché Equideos